Page 55 - Война и мир 2 том
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«Le Marieechal se fache contre l'Empereur et nous punit tous; n'est ce pas que с'est logique!
«Voila le premier acte. Aux suivants l'interet et le ridicule montent comme de raison. Apres le
depart du Marieechal il se trouve que nous sommes en vue de l'ennemi, et qu'il faut livrer bataille.
Boukshevden est general en chef par droit d'anciennete, mais le general Benigsen n'est pas de cet
avis; d'autant plus qu'il est lui, avec son corps en vue de l'ennemi, et qu'il veut profiter de l'occasion
d'une bataille „aus eigener Hand“ comme disent les Allemands. Il la donne. C'est la bataille de
Poultousk qui est sensee etre une grande victoire, mais qui a mon avis ne l'est pas du tout. Nous
autres pekins avons, comme vous savez, une tres vilaine habitude de decider du gain ou de la perte
d'une bataille. Celui qui s'est retire apres la bataille, l'a perdu, voila ce que nous disons, et a ce titre
nous avons perdu la bataille de Poultousk. Bref, nous nous retirons apres la bataille, mais nous
envoyons un courrier a Petersbourg, qui porte les nouvelles d'une victoire, et le general ne cede pas
le commandement en chef a Boukshevden, esperant recevoir de Petersbourg en reconnaissance de
sa victoire le titre de general en chef. Pendant cet interregne, nous commencons un plan de
man?uvres excessivement interessant et original. Notre but ne consiste pas, comme il devrait l'etre,
a eviter ou a attaquer l'ennemi; mais uniquement a eviter le general Boukshevden, qui par droit
d'ancnnete serait notre chef. Nous poursuivons ce but avec tant d'energie, que meme en passant une
riviere qui n'est рas gueable, nous brulons les ponts pour nous separer de notre ennemi, qui pour le
moment, n'est pas Bonaparte, mais Boukshevden. Le general Boukshevden a manque etre attaque et
pris par des forces ennemies superieures a cause d'une de nos belles man?uvres qui nous sauvait de
lui. Boukshevden nous poursuit – nous filons. A peine passe-t-il de notre cote de la riviere, que nous
repassons de l'autre. A la fin notre ennemi Boukshevden nous attrappe et s'attaque a nous. Les deux
generaux se fachent. Il y a meme une provocation en duel de la part de Boukshevden et une attaque
d'epilepsie de la part de Benigsen. Mais au moment critique le courrier, qui porte la nouvelle de
notre victoire de Poultousk, nous apporte de Petersbourg notre nomination de general en chef, et le
premier ennemi Boukshevden est enfonce: nous pouvons penser au second, a Bonaparte. Mais ne
voila-t-il pas qu'a ce moment se leve devant nous un troisieme ennemi, c'est le православное qui
demande a grands cris du pain, de la viande, des souchary, du foin, – que sais je! Les magasins sont
vides, les сhemins impraticables. Le православное se met a la Marieaude, et d'une maniere dont la
derieniere campagne ne peut vous donner la moindre idee. La moitie des regiments forme des
troupes libres, qui parcourent la contree en mettant tout a feu et a sang. Les habitants sont ruines de
fond en comble, les hopitaux regorgent de malades, et la disette est partout. Deux fois le quartier
general a ete attaque par des troupes de Marieaudeurs et le general en chef a ete oblige lui meme de
demander un bataillon pour les chasser. Dans une de ces attaques on m'a еmporte ma malle vide et
ma robe de chambre. L'Empereur veut donner le droit a tous les chefs de divisions de fusiller les
Marieaudeurs, mais je crains fort que cela n'oblige une moitie de l'armee de fusiller l'autre.
[ Со времени наших блестящих успехов в Аустерлице, вы знаете, мой милый князь,
что я не покидаю более главных квартир. Решительно я вошел во вкус войны, и тем очень
доволен; то, что я видел эти три месяца – невероятно.
«Я начинаю аb ovo. Враг рода человеческого , вам известный, аттакует пруссаков.
Пруссаки – наши верные союзники, которые нас обманули только три раза в три года. Мы
заступаемся за них. Но оказывается, что враг рода человеческого не обращает никакого
внимания на наши прелестные речи, и с своей неучтивой и дикой манерой бросается на
пруссаков, не давая им времени кончить их начатый парад, вдребезги разбивает их и
поселяется в потсдамском дворце.
«Я очень желаю, пишет прусской король Бонапарту, чтобы ваше величество были
приняты в моем дворце самым приятнейшим для вас образом, и я с особенной
заботливостью сделал для того все нужные распоряжения на сколько позволили
обстоятельства. Весьма желаю, чтоб я достигнул цели». Прусские генералы щеголяют
учтивостью перед французами и сдаются по первому требованию. Начальник гарнизона
Глогау, с десятью тысячами, спрашивает у прусского короля, что ему делать, если ему
придется сдаваться. Всё это положительно верно. Словом, мы думали внушить им страх
только положением наших военных сил, но кончается тем, что мы вовлечены в войну, на